Cinq thèmes pour mesurer l’état de santé du métier de moto taxi sur sa base traditionnelle de Orly Ouest, essayons d’y voir plus clair à travers les quelques lignes qui suivent.
Où? Quand? Comment? Combien? Pourquoi? c’est en essayant de répondre à ces 5 questions qu’on peut comprendre au mieux cette jeune profession, encore en consolidation.
Où: A Orly ouest, le parking des motos taxi est maintenant à la porte I, il a bougé plusieurs fois, on a l’impression qu’on le met le plus loin possible ( il n’y a pas de porte J) pour éviter que les passagers pressés ne soient tentés de prendre une moto plutôt qu’une voiture ou un bus, les clients qui retrouvent leurs pilotes dans ce lieu improbable, à l’abri certes, mais le plus souvent dans le noir, ne disent pas merci à ADP pour cette signalisation indigente…ils savent seulement, et dans toutes les langues, bien sûr, qu’ils ne doivent pas accepter de sollicitations autres que celles des taxis de la porte B, ce qui les aide beaucoup.
ADP est pourtant un leader mondial et a donc dû intégrer, quelque part, que la surface au sol pour le stationnement d’une moto est 4 à 5 fois plus petite que celle d’une voiture; qu’on ne voit pas une moto obstruer pendant de longues minutes une voie de circulation ou une entrée de parking contrairement à une voiture; enfin, que le temps de sortie de l’emprise aéroportuaire est le plus court, y compris et surtout en heure de pointe. A quand la concrétisation sur le terrain?
Quand, justement: C’est la deuxième question que posent les clients, une fois qu’ils ont donné ou confirmé au pilote l’adresse de destination, « combien de temps vous pensez..? ». Et ils s’attendent à voir rattrapé tout le retard accumulé jusqu’alors, et assez souvent ils ne sont pas déçus, puisqu’ils reviennent. De ce point de vue , ils n’ont pas changé beaucoup par rapport à leurs prédécesseurs d’il y a 5 ans, mais ils ont peut-être aujourd’hui dans leur téléphone de meilleures solutions au bout du doigt, et ils s’en servent mieux, si leur avion a du retard au décollage, ils anticipent et trouvent une solution pour rattraper le coup à l’arrivée. Même à l’atterrissage, si la sortie de l’avion traîne en longueur, ils peuvent chercher une solution, ils auront sans doute le temps de mettre en place un plan qui leur sauvera la mise. Mieux qu’il y a cinq ans aussi, le temps perdu dans les opérations de paiement et de facture, il y a du progrès fait depuis cinq ans mais il y a encore de la marge de progression, et même beaucoup. La brique TPE Ingenico et le facturier et le tampon encreur ne sont pas à ranger dans la poubelle de l’histoire tout de suite. Mais le téléphone et le cloud gagnent du terrain.
Comment: Deux biais pour traiter cette question, sur la moto et en dehors de la moto.
Sur la moto, deux salons de la moto sont passés si l’on remonte cinq ans en arrière et la reine du parking est toujours la Goldwing, on l’aime bien mais c’est un peu une reine catégorie « Rois fainéants » et Honda ne donne pas beaucoup de signe de retour d’amour aux moto taxis parisiens, genre rétros électriques… Mrs Honda France un petit signe s’il vous plait. Peut être pas une moto électrique tout de suite, mais pour quand?
En dehors de la moto , la technologie liée au Smartphone fait son petit bonhomme de chemin, là encore un peu lentement. On attend l’application qui va tout emporter coté passager et coté pilote, mais là encore du retard à l’allumage. Bizarrement, l’innovation n’est pas une valeur si forte de ce mode de transport pourtant si innovant par ailleurs.
Combien,.. combien de trajets en plus en cinq ans, combien de clients en plus, combien de pilotes en plus, combien de chiffre d’affaire généré en plus: Sans doute est on sur un rythme de croissance un peu dégradé par rapport à ce qu’il aurait été sans la violente crise qu’on a connue, mais le métier a survécu, les prix notamment se sont maintenus, c’est la preuve d’une certaine résilience, et un encouragement à persévérer dans le modèle en place, modèle qui se révèle être le bon cocktail qui va bien à Paris, miraculeusement, puisqu’il n’arrive pas à percer ailleurs.
Pourquoi: pour quelle raison les clients choisissaient la solution moto taxi à Orly il y a cinq ans, et pourquoi ils la choisissent aujourd’hui. Il faudrait leur poser la question et les laisser s’exprimer sur les sites de réservation, ce qu’ils ne font malheureusement pas naturellement, il faudrait trouver le déclic , comme Blablacar l’a trouvé pour son site où la notation est recommandée et quasi obligatoire.
Sans le lire de façon explicite par les retours clients, on peut déduire tout de même que le capital confiance du métier est toujours excellent, il faut le conserver à son niveau d’excellence et être vigilant à ce qui pourrait le dégrader, par exemple s’interroger sur le ressenti des clients devant les sollicitations trop invasives à l’intérieur de l’aérogare.
Nous voilà arrivés au bout des cinq questions, rendez vous dans cinq ans , j’espère… et de préférence plus tôt si vous avez envie de réagir.
A la fin de la relecture de cet article j’ai l’impression qu’il y a pas mal de matière susceptible de susciter des réactions de toutes parts, elles sont les bienvenues.